Étrange, ne trouvez-vous pas, comment une parole, un
événement, une odeur peut déclencher un souvenir auquel on n’a pas pensé depuis
des années? Une petite tranche du film de
notre vie se met à se dérouler dans notre pensée comme si cela s’était passé la
veille.
Pour moi, l’élément déclencheur a été un rêve que j’ai fait
la nuit dernière, dont je ne me rappelle même pas et qui ne semblait pas avoir
de rapport avec le souvenir qui a surgi ce matin sans être sollicité.
Je me suis revue au camp d’été, vers l’âge de onze ans. Je me souvenais même de plusieurs personnes
et de leurs noms! C’est à ce camp, pendant
les nombreuses randonnées pour aller se baigner au lac, que j’ai appris le
petit refrain que je chante toujours avec tous mes petits-enfants lorsque nous
allons nous promener : « Dans
la troupe, y’a pas d’jambe de bois… » – je vous fais grâce de la
suite!
Il y avait beaucoup d’activités – comme dans tous les camps
d’été – mais ce qui a fait surface et m’est apparu ce matin,
c’est l’image du drapeau que chaque groupe de jeunes devait fabriquer afin de représenter sa cabine.
Chaque groupe devait choisir un nom qui
deviendrait l’emblème à coudre sur ce drapeau ainsi qu’un cri de
ralliement. Pour notre part, nous avions
choisi de s’appeler « Les Rouges-gorges ».
Et lorsque chaque matin, tous alignés devant le
directeur du camp qui criait : « Le
Rouge-gorge toujours… », nous répondions notre cri de
ralliement : « matinal et heureux »
!
Je n’étais pas très sportive, et je me souviens avoir passé des
heures dans la salle à manger, occupée à dessiner, découper et coudre à la main
l’emblème sur notre drapeau. Les autres
fillettes étant, pour la plupart, plus jeunes ou plus actives que moi, se sont
rapidement découragées et sont parties s’amuser en participant aux autres
activités.
Je pense que la cuisinière m’avait aidé en dénichant une
photo d’un oiseau que je croyais être un Rouge-gorge mais qui en réalité s’appelle
le Merle d’Amérique.
En ce temps-là, nous
les appelions « Rouges-gorges » car nous étions mal informés, ne
sachant pas que le vrai Rouge-gorge se trouve seulement en Europe.
Un Rouge-gorge familier
(Erithacus rubecula),
photographié au palais des thés du jardin
de
Compans Caffarelli, à Toulouse.
Photographe :
Pierre Selim
Je me souviens avoir peiné à coudre les lettres ainsi que
l’oiseau, qui étaient faits d’un tissus dont il me fallait bien tourner les petits
rebords afin qu’il ne s’effiloche pas. Heureusement
que les fleurs, l’herbe, le vers de terre et les pattes étaient faits de
feutre! (Nous n’avions évidemment pas de
dictionnaire sur place, sinon nous aurions sûrement ajouté un « s » à
« rouge » - mais bon…!)
Quand enfin j’ai eu terminé, la cuisinière (dont je ne me
souviens malheureusement plus le nom) a cousu une bande de tissus tout autour des
drapeaux en y ajoutant deux boucles – et cela à l’aide de sa machine à coudre!
Alors, quand les filles de notre cabine étaient les premières
à sortir le matin (ce qui, ironiquement, n’arrivait pas très souvent!), ou si
notre cabine était la plus propre, nous avions le plaisir de voir flotter notre
drapeau tout en haut du mat!
À la fin des deux semaines de ce camp, on m’a accordé le
privilège de garder ce drapeau – ce que j’ai fait, depuis un peu plus de cinquante
ans maintenant!
Ah, que de souvenirs….
Mais ce qui m’a étonné le plus, c’est qu’en racontant tout cela à mon
cher et tendre ce matin, je me suis soudain rappelé où se trouvait ce fameux
drapeau – et je suis allée le trouver directement dans le bon tiroir!
La mémoire! Quelle
merveille!
Qu’ai-je appris en revivant cette scène tirée de mon
passé?
J’ai appris que j’ai toujours
aimé créer, que je suis plus persévérante que je ne le pense, que Dieu m’a doté
d’une certaine habileté pour laquelle je suis très reconnaissante. J’ai aussi compris que lorsqu’on met les enfants
devant un défi, ils peuvent nous surprendre et être eux-mêmes surpris de ce qu’ils
peuvent accomplir!
Et puis, de temps à autre, je me sens vieillir en éprouvant
des blancs ou des trous de mémoire. Alors,
aujourd’hui, je suis soulagée de voir qu’il m’en reste encore!
Je vous souhaite à tous de revivre vos plus beaux souvenirs!
Grand-maman Priscille
Vraiment trop hot! Et oui maman, tu es persévérante et patiente!!! Super beau ce souvenir et drapeau!
RépondreEffacerEn effet Maman, ta créativité, ta patience et ta persévérance font de toi une personne très inspirante...! Je pense que ce post-là est mon préféré jusqu'à maintenant... Il est personnel, authentique et si bien écrit que j'avais l'impression d'être avec toi dans tes souvenirs. Déjà à 11 ans tu avais beaucoup de talent en couture!
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