mercredi 14 septembre 2016

Jour de tristesse, mais aussi de gratitude

Aujourd’hui, je sens un petit pincement au cœur car c’est le premier jour de l’abatage.  Les beaux gros poulets dodus qui courent en déployant leurs ailes, picorent dans la terre, crient « cocorico » quelle que soit l’heure du jour, se taquinent l’un l’autre et se prélassent à l’ombre dans leur enclos, vont voir leur nombre diminuer, leurs « camarades » disparaître, peu à peu, l’un après l’autre.

Nous nous préparons à procéder en 3 jours.  Nous avons installé un abri temporaire afin d’être protégés du soleil ou de la pluie.  Nous nous sommes procuré l’équipement nécessaire, désirant effectuer la tâche de la meilleure façon possible.

Pour ma part, je suis affectée à la dernière étape, soit le dernier nettoyage qui consiste à enlever les toutes petites plumes que la plumeuse aurait manquées ainsi que l’ensachage et la pesée.  Je dois ensuite inscrire le poids sur le sac ainsi que sur une feuille, puis – au congélateur.


Il est toujours plaisant de pouvoir enseigner nos petits-enfants.  Deux de nos petits-fils, maintenant adolescents, désiraient venir nous aider et apprendre les techniques d’abatage. 
Nous avons tellement ri de voir les poulets glisser entre les jambes de l’aîné alors qu’il pensait arriver à les attraper aisément!
Et aussi quand enfin il s’est écrié : « J’en ai un! »





Nous voilà arrivés au 3e jour d’abatage, un samedi.  Il est 7h30, une Tourterelle Triste entonne son chant dans les arbres près de la maison. 


 Ce chant, qui d’habitude paraît plutôt nostalgique, semble étrangement morne ce matin, rempli d’accents de deuil.

Je me console en me disant que ces poulets ont été gâtés car ils ont eu les meilleurs soins possibles de leur vivant – nourriture et eau fraîche en abondance, enclos extérieur pour courir, déployer leurs ailes et picorer insectes et gravier tout en étant protégés des prédateurs.
 



On n’y pense guère, sinon pas du tout, lorsqu’on se procure des poitrines ou des cuisses de poulet sur les étagères de l’épicerie ou quand on mange du poulet grillé au restaurant.  On ne réalise pas alors que ces viandes ont déjà été vivantes.  C’est le cycle de la vie et de la survie.

Eh oui, voilà, ils meurent afin que nous, nous puissions vivre… 

Par analogie, cela me fait penser à Jésus, le Messie promis, qui lui, a volontairement donné sa vie afin que nous puissions vivre éternellement.  Dans l’Épitre aux Romains, chapitre 5 au verset 8 (version Seg. 21), nous lisons : « Voici comment Dieu prouve son amour envers nous : alors que nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. »  Et comment ne pas être d’autant plus reconnaissants, car le salut éternel de l’âme ne vaut-il pas plus que l’apaisement momentané du corps?
C’est pour cette raison qu’il nous est possible d’être remplis de gratitude car, en plus d’avoir l’immense privilège de posséder la paix de l’âme que le Seigneur nous offre, aujourd’hui Il pourvoit également aux besoins de nos corps, et nos congélateurs se remplissent, petit à petit.  Des poulets de 4, 7 et 9 lbs, dont la succulente chair nous nourrira tout au long de l’année se retrouvent, emballés et congelés, prêts à faire cuire.   


Oui, l’enclos est vide.  Il ne reste que quelques plumes et matières fécales qui traînent par terre dans l’enclos, mais nous avons encore une fois de quoi nourrir nos corps, et pour cela nous sommes très reconnaissants!


Grand-maman Priscille

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