Aujourd’hui,
je sens un petit pincement au cœur car c’est le premier jour de l’abatage. Les beaux gros poulets dodus qui courent en
déployant leurs ailes, picorent dans la terre, crient « cocorico »
quelle que soit l’heure du jour, se taquinent l’un l’autre et se prélassent à
l’ombre dans leur enclos, vont voir leur nombre diminuer, leurs « camarades »
disparaître, peu à peu, l’un après l’autre.
Nous nous
préparons à procéder en 3 jours. Nous
avons installé un abri temporaire afin d’être protégés du soleil ou de la
pluie. Nous nous sommes procuré
l’équipement nécessaire, désirant effectuer la tâche de la meilleure façon
possible.
Pour ma
part, je suis affectée à la dernière étape, soit le dernier nettoyage qui
consiste à enlever les toutes petites plumes que la plumeuse aurait manquées
ainsi que l’ensachage et la pesée. Je
dois ensuite inscrire le poids sur le sac ainsi que sur une feuille, puis – au congélateur.
Il est toujours plaisant de pouvoir enseigner nos petits-enfants. Deux de nos petits-fils, maintenant adolescents, désiraient venir nous aider et apprendre les techniques d’abatage.
Nous avons tellement ri de voir les poulets glisser entre les jambes de l’aîné alors qu’il pensait arriver à les attraper aisément!
Et aussi quand
enfin il s’est écrié : « J’en ai un! »
Nous voilà arrivés au 3e jour d’abatage, un samedi. Il est 7h30, une Tourterelle Triste entonne son chant dans les arbres près de la maison.
Ce chant, qui d’habitude paraît plutôt nostalgique, semble étrangement morne ce matin, rempli d’accents de deuil.
Je me
console en me disant que ces poulets ont été gâtés car ils ont eu les meilleurs
soins possibles de leur vivant – nourriture et eau fraîche en abondance, enclos
extérieur pour courir, déployer leurs ailes et picorer insectes et gravier tout
en étant protégés des prédateurs.
On n’y pense
guère, sinon pas du tout, lorsqu’on se procure des poitrines ou des cuisses de
poulet sur les étagères de l’épicerie ou quand on mange du poulet grillé au
restaurant. On ne réalise pas alors que
ces viandes ont déjà été vivantes. C’est
le cycle de la vie et de la survie.
Eh oui,
voilà, ils meurent afin que nous, nous puissions vivre…
Par
analogie, cela me fait penser à Jésus, le Messie promis, qui lui, a
volontairement donné sa vie afin que nous puissions vivre éternellement. Dans l’Épitre aux Romains, chapitre 5 au
verset 8 (version Seg. 21), nous lisons : « Voici
comment Dieu prouve son amour envers nous : alors que nous étions encore
des pécheurs, Christ est mort pour nous. » Et comment ne pas être d’autant plus
reconnaissants, car le salut éternel de l’âme ne vaut-il pas plus que
l’apaisement momentané du corps?
C’est
pour cette raison qu’il nous est possible d’être remplis de gratitude car, en
plus d’avoir l’immense privilège de posséder la paix de l’âme que le Seigneur
nous offre, aujourd’hui Il pourvoit également aux besoins de nos corps, et nos
congélateurs se remplissent, petit à petit.
Des poulets de 4, 7 et 9 lbs, dont la succulente chair nous nourrira
tout au long de l’année se retrouvent, emballés et congelés, prêts à faire
cuire.
Oui, l’enclos
est vide. Il ne reste que quelques
plumes et matières fécales qui traînent par terre dans l’enclos, mais nous
avons encore une fois de quoi nourrir nos corps, et pour cela nous sommes très
reconnaissants!
Grand-maman Priscille