Depuis
quelques semaines, je passe beaucoup de temps dehors – beaucoup plus que
d’ordinaire! C’est curieux, mais je n’ai
pas un penchant spontané et naturel pour jouir du grand air. Il se peut que le fait d’avoir demeuré en
plein centre-ville de Montréal pendant une grande partie de mon enfance et de
mon adolescence y compte pour quelque chose…? Comprenez-moi bien, ce n’est pas que je n’aime
pas être à l’extérieur, c’est simplement qu’il me faut une raison pour y
aller. Une bonne raison, telle que promener un enfant en poussette, une randonnée
avec une personne chère, nourrir les oiseaux, m’occuper de mes fleurs dans mes
plates-bandes.
Il y a de cela
déjà plus de quarante ans, à l’achat de notre première petite maison, nous possédions
un lopin de terre d’une dimension convenable (150 x 200 pieds) sur lequel nous
avions planté quelques pommiers, deux pruniers, deux cerisiers et deux
poiriers, quelques plants de cassis, de groseilles, de fraises et de
framboises. Nous avions également un
jardin potager de 50 pieds par 100 pieds.
Il faut ajouter que j’aime énormément les fleurs de toutes sortes,
malgré le fait que mon fils est d’opinion que ça ne sert à rien, car elles ne
peuvent se manger! Cependant, à mon
avis, il ne faut pas seulement alimenter le corps : les fleurs sont ma « nourriture
de l’âme », alors les plates-bandes
sont très importantes chez nous!
À l’époque, à quelques
pas de notre maison habitait un fermier et son épouse avec lesquels nous nous
sommes liés d’amitié. Je dois avouer que
si nous n’avions pas eu leur assistance, leurs bienveillants conseils et leur soutien,
les citadins inexpérimentés que nous étions auraient eu beaucoup de mal à y
arriver!
Nous étions
jeunes, forts, et capables et nous étions motivés par le désir de bien manger
bio ainsi que par la pensée de faire des économies. De plus, j’étais maman au foyer et cette démarche
représentait à mes yeux un moyen pour moi de rapporter un « salaire »
tout en m’occupant de mes enfants sans devoir sortir travailler à l’extérieur
du foyer. Je m’y livrais avec ferveur,
mettant tout mon énergie pour le bien de notre petite famille!
C’est ainsi
que j’ai été initiée et que j’ai appris à aimer à travailler la terre. Pour couronner le tout, cette activité m’a
également permis d’en retirer des enseignements pour nourrir mon esprit! La Bible exprime en langage imagé le terreau
qu’est notre cœur illustrant des leçons spirituelles qui émanent de
l’agriculture. Voici – très sommairement
car il y existe d’abondantes leçons – quelques enseignements à en retirer :
A. Tout
d’abord, la nature se charge de montrer qu’il faut se souvenir qu’on ne peut
faire autrement que de compter sur Dieu pour le soleil, la pluie et des
températures favorables et agréables. Dieu
dit : « …Je vous enverrai des
pluies en leur saison, la terre donnera ses produits… ».1 « …Tu
as créé la lumière et le soleil… Tu as établi l’été et l’hiver. »2 Leçon : Il faut faire confiance à Dieu.
C. Cultiver la
terre est un dur labeur; il ne faut pas
avoir peur de travailler sinon il n’y a pas de moisson… « …le
paresseux ne laboure pas; à la moisson, il voudrait récolter, mais il n’y a
rien. »4 Leçon : Est-ce que je travaille à nourrir mon esprit? Suis-je assidue dans mon étude de la Parole de
Dieu?
Dans mes souvenirs,
il me vient plusieurs images reliées à nos expériences dans ce merveilleux
monde horticole.
Le premier été le rendement des tomates était abondant, et
un soir nous avons appris qu’on
annonçait un gel au sol pendant la nuit.
Notre fillette avait presque 2 ans et notre fils n’avait que 13 mois
mais n’avions d’autre choix que de sortir rapidement après souper avec les 2
enfants, omettant le traditionnel temps
des bains. Nous les avions installés
auprès de nous à côté du jardin et tout près des sceaux que nous remplissions,
en toute hâte, de belles tomates mûres ou vertes. Soudain, je vis le petit tenant une tomate
rongée – mais pas n’importe-quelle tomate – la plus grosse et la plus belle des
tomates rouges que nous avions cueillies!
Elle devait faire 4 ou 5 pouces de diamètre!
Jardiner a
également été un bon moyen de calmer et d’occuper les enfants. Comme tous les enfants que je connais, les
miens se chamaillaient, ou se plaignaient de n’avoir rien à faire. Puisqu’ils étaient encore assez jeunes, je n’osais
pas leur demander d’arracher les mauvaises herbes en guise d’activité, de peur
de retrouver un potager ravagé et vide!
Pendant une
dizaine de minutes, les trois paraissaient absorbés (tout en maugréant!) à
cette tâche, mais j’ai cru remarquer que mon aînée (elle devait avoir 8 ans) restait
debout et ne se penchait presque jamais.
Très astucieuse, elle avait constaté qu’elle n’avait pas à ramasser les
cailloux… elle parvenait à les enfoncer
avec ses talons dans la terre...!
Décidée à
mettre fin à ce subterfuge, je sortis rapidement quand j’entendis ma cadette de
3 ans s’écrier : « AH!!! Une
roche qui bouge! » Ma conscience
m’a aussitôt accusée d’être une mère indigne qui laisse sa petite souffrir
d’insolation – jusqu’à ce que je voie sautiller un petit crapaud. Ce fut la distraction idéale pour changer
l’ambiance et le début d’un nouveau divertissement!
Une chère
voisine avait, elle aussi, un mignon petit jardin d’environ 10 pieds par 10
pieds. Son petit potager était impeccable
– aucune motte de terre disgracieuse, pas un brin de mauvaise herbe y jouant à
cache-cache, pas un seul petit caillou effleurant sa surface veloutée. J’en étais très envieuse!
Toutefois, un jour
j’ai lu un article qui expliquait une technique simple qui a changé le
« look » de mon grand jardin et qui a coupé mon ouvrage de
moitié. Le procédé consiste à d’étendre
du papier journal entre les rangs et sur lequel on étend des couches de brins
d’herbe raclés et ramassés près la tonte du gazon. Notre gazon poussait à profusion alors ce fut
très rapidement chose faite. Ce qui est
merveilleux de ce procédé c’est qu’il empêche les mauvaises herbes de pousser,
nourrit le sol à la fin de l’été et de plus, la couleur brune de l’herbe séchée
donne l’impression d’un travail acharné et sans répit pour avoir des rangs
impeccablement propres!
Ensuite, il y a
eu un été en particulier où j’étais motivée à me lever avant les enfants, vers
les 5h30 – 6 heures du matin pour aller cueillir les framboises avec les
oiseaux! À leur réveil, ma famille
trouvait ces belles baies rouges fraîchement cueillies pour agrémenter leur
yogourt ou leurs céréales! Et il y en
avait amplement pour en faire congeler en prévision des mois d’hiver.
Oui, c’est
laborieux, mais lorsqu’arrive enfin le temps de récolter, le plaisir de voir le
fruit de tous nos labeurs est sans prix.
Oh, il y a des déceptions, tels que la fois où une marmotte a pris une
énorme bouchée dans chacun des beaux gros choux que nous avions semés et observé
pousser et grossir avec anticipation!
Ou la fois où la vache du voisin (que nous appelions affectueusement
« Joséphine ») est passée au-travers de la clôture pour venir
déguster notre maïs… et puis les gels au
sol qui arrivent trop tôt et qui nous prennent par surprise…. Mais les avantages surpassent de loin les
revers!
Malgré le fait que c’était laborieux, voire épuisant au moment des récoltes, de blanchir –
jusqu’aux petites heures du matin – nos légumes en vue de les congeler, le plaisir de pouvoir savourer nos propres
fruits et légumes tout au long de l’hiver est sans contredit un sentiment
d’accomplissement singulier!
Au fil des
ans, nous avons eu le désir de transmettre nos valeurs et notre amour de la nature
à notre famille. Cependant, il me faut avouer
que malgré tout, mon aînée n’affectionne toujours pas beaucoup du jardinage –
elle encourage cependant son époux, qui lui, aime relever ce défi! Nos deux autres enfants ont hérité ce plaisir
– mais à plus petite échelle!
Eh oui, nous
voilà de retour au point « A » après une trentaine d’années de
jachère et de relâche! L’été passé, en 2017,
j’ai retrouvé ce plaisir de semer, de voir pousser, de récolter (sauf en ce qui
concerne nos carottes, qui ont été entièrement déterrées et dégustées par les
chevreuils!), de mettre en conserves, d’apprêter et de déguster le produit de
mes efforts! Et tout cela est très bien,
mais je sens que je n’ai plus la force ni l’endurance que j’avais auparavant. Je ne peux plus m’accroupir – mes genoux me font
souffrir – et le soleil semble brûler même au travers de mes vêtements! Je me rends compte que si je désire que cette
activité demeure plaisante, je dois dorénavant être prudente, écouter mon corps
et me reposer plus souvent.
Et si la tante
à mon époux, âgée de 90 ans, cultive encore ses propres légumes à tous
les ans – par la grâce de Dieu, je souhaite pouvoir en faire autant, moi aussi!
1. Lévitique
26 : 4 LS
2. Psaume
74 : 16-17 LS
3. Évangile de
Matthieu 13 : 4
4. Proverbe
20 : 4 LS
5. Évangile de
Matthieu 13 : 24-26
6. Épître aux
Hébreux 12 : 1 PdeV
7. Épître aux Galates
6 : 7-9 LS
8. Osée
8 :7 LS
Grand-maman
Priscille
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