Le Jour de l’An est
arrivé et reparti. Aujourd’hui, je ne
sais pas pourquoi, des souvenirs remontent dans mes pensées des Jours de l’An
passés…. Un jour seulement, le premier
des 364 autres à suivre, et qui occasionne de grandes célébrations!
Par le passé, partout au
Québec, c’était un prétexte pour se réunir avec la famille élargie et les
amis. Le jour de Noël étant une fête
« religieuse » où la grande majorité des québécois se rendaient à
l’Église pour la Messe de Minuit, le Jour de l’An lui, n’avait rien de
religieux pour la majorité du peuple québécois.
C’était plutôt un temps de réjouissances où on « lâchait son
fou » : on chantait, on dansait, on comptait des histoires et on
s’enivrait.
J’ai des réminiscences de
quand j’étais petite, alors que nous passions le plus souvent ce jour à la
maison en famille. Cependant, nous avons
parfois été invités dans la parenté de mon père pour faire la fête. Dans mes souvenirs, je revois les pièces
enfumées, bondées de gens dont la plupart m’étaient inconnus, mais nous y étions accueillis comme de vieux
amis.
Je revois les salons
doubles où les meubles avaient été repoussés contre les murs afin de faire de
la place aux quadrilles et aux danses modernes.
Tout autour des pièces il y avait des chaises qui longeaient les
murs. Elles étaient toutes dépareillées,
souvent empruntés aux voisins ou apportées par les invités, sur lesquelles les
matantes et mononcles plus âgés étaient installés pour jaser, une bouteille de
bière dans une main et une cigarette dans l’autre.
Quelques-uns des
mononcles avaient apporté un instrument de musique : violon, guitare,
bombarde, cuillères et jouaient ensemble des chansons à répondre et des
rigodons auxquels nous, les enfants, sautillions tout joyeux! Il y avait aussi un tourne-disque dans un
coin dans les cas où il n’y avait pas de musiciens ou lorsque ceux-ci prenaient
une pause.
Plus la soirée avançait,
plus les rires étaient perçants, les histoires de plus en plus grivoises, les
blasphèmes nombreux, la musique forte et très souvent les disputes éclataient.
Je dois avouer que je
n’étais pas à l’aise dans cet environnement qui ne faisait pas partie de notre
façon habituelle de vivre. Nous assistions
à l’église évangélique et ce genre comportement de vie ne faisait pas partie de
nos mœurs. Je suppose que les fois où
nous sommes allés à ces fêtes, mon père avait accepté, ne voulant pas offenser
sa parenté que nous aimions (ceux qui nous étaient connus!) malgré tout.
À
l’adolescence, au cours de plusieurs années, lors des Jours de l’An, je me
trouvais entourée de mes amis à une réunion d’église qu’on appelait la
« longue veille ». Nous aimions nous réunir en soirée, la veille
du Jour de l’An pour passer du temps à remémorer les événements, incidents et
aventures survenus au cours de l’année qui se terminait.
Nous
éprouvions beaucoup de plaisir à raconter ces histoires souvent cocasses et
drôles, parfois entremêlés de récits émouvants, même tristes. À cela, certaines personnes entreprenaient le
projet de recueillir des diapositives ou des courts métrages 8 mm – sans son! –
que nous regardions avec émotion… des
soupirs, des sourires, des éclats de rire et parfois des larmes.
Aussi,
au cours de cette veille, nous chantions des cantiques entrecoupés de prières pour
remercier notre Père Céleste pour ses nombreux bienfaits, ses dons, ses grâces
et ses soins constants, ainsi que pour demander sa bénédiction pendant l’année
qui allait débuter.
À
minuit, c’était les accolades et les souhaits de « Bonne Année! »
après quoi nous nous réunissions autour d’un goûter pour un temps de communion
fraternelle. L’esprit de communauté,
d’amour fraternel, de camaraderie ressentie était fort et tellement plaisant!
Avec
le temps, les choses ont changé et ces longues veilles ont disparu. L’accent a été mis sur la famille et le besoin de temps familial. De plus, il me semble qu’à peu près à cette
même époque, les médias offraient des émissions divertissantes pour dire « au
revoir » à l’année qui se terminait et pour accueillir la nouvelle
année. L’accent y était mis sur l’humour
et le sarcasme concernant les événements survenus dans le monde au cours de l’année
qui se terminait et incitait fortement les gens à rester terrés dans leur
salon.
À
bien y penser, il est vrai que la première journée de l’année n’est au fond
qu’un jour comme les autres, mis à part le fait qu’il marque une fin et un
début selon notre calendrier! C’est donc
pour cette raison qu’on considère que c’est un bon moment pour faire le bilan,
établir des plans, viser des buts à atteindre et se rappeler les désirs et les
espoirs secrets du cœur.
Chez
nous, cette année, nous avons eu énormément de plaisir à chanter ensemble avec
nos enfants et nos petits-enfants.
Certains d’entre eux jouent des instruments – guitares sèche et base,
piano, cajun, ukulélé…. Et les plus petits suivaient le rythme à
l’aide de maracas et de tambourins. Quelle
joie! Mais au prochain nouvel an, si le
Seigneur me prête vie, j’espère ajouter un autre volet à nos célébrations :
un moment afin de visionner nos souvenirs de l’année qui viendra de passer et
parler de l’avenir.
Je
me souviens le temps des appareils photos avec pellicules photographiques de
12, 24, 36 poses, à rembobiner qu’il fallait envoyer faire développer à l’extérieur,
qui n’était disponible qu’au bout de 2 semaines et pour lesquels les photos
manquées devaient quand même être payées.
Nous
sommes à l’ère des photos digitales, des téléphones intelligents avec
lesquelles on peut prendre d’excellentes photos ainsi que des vidéos. Et on peut voir dès la prise de la photo si
elle est réussie, pour alors l’effacer et la reprendre si elle ne l’est pas. Puis, on peut tout sauf-garder dans son ordinateur! Il n’a jamais été aussi facile de conserver
un historique des événements qui se déroulent au cours d’une année. Quelle bénédiction d’avoir une telle
possibilité au bout des doigts!
Alors,
j’ai le vif désir d’instaurer une nouvelle tradition dès l’année prochaine où
nous tous pourrions offrir une rétrospective en photos et vidéos de notre vie
de famille tout en se remémorant les nombreuses bénédictions reçues. Par ailleurs, pourquoi ne pas profiter de ce
temps et prendre un moment afin d’initier les plus jeunes à réfléchir et
verbaliser si possible leurs aspirations et leurs désirs – matériels et
spirituels – pour l’année à venir? J’ai
l’impression que cela pourrait contribuer à se connaître davantage tout en
créant des liens ainsi qu’un esprit de rapprochement et de compréhension. Ainsi, le Jour de l’An deviendrait un jour d’élan
vers l’avenir, un jour d’élan vers l’inconnu - assurément, mais le plus
important : un jour d’élan vers le Seigneur!
Eh
oui, j’ai dû ressasser mes souvenirs pour enfin réaliser qu’il manquait un
aspect important à nos célébrations en ce jour unique!
Et, si
possible, puisse mes réminiscences servir d’inspiration à d’autres!
Bonne
Année!
Grand-maman Priscille