mardi 23 janvier 2018

Le Jour de l’An – jour d’élan!





Le Jour de l’An est arrivé et reparti.  Aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi, des souvenirs remontent dans mes pensées des Jours de l’An passés….  Un jour seulement, le premier des 364 autres à suivre, et qui occasionne de grandes célébrations! 

Par le passé, partout au Québec, c’était un prétexte pour se réunir avec la famille élargie et les amis.  Le jour de Noël étant une fête « religieuse » où la grande majorité des québécois se rendaient à l’Église pour la Messe de Minuit, le Jour de l’An lui, n’avait rien de religieux pour la majorité du peuple québécois.  C’était plutôt un temps de réjouissances où on « lâchait son fou » : on chantait, on dansait, on comptait des histoires et on s’enivrait.   

J’ai des réminiscences de quand j’étais petite, alors que nous passions le plus souvent ce jour à la maison en famille.  Cependant, nous avons parfois été invités dans la parenté de mon père pour faire la fête.  Dans mes souvenirs, je revois les pièces enfumées, bondées de gens dont la plupart m’étaient inconnus,   mais nous y étions accueillis comme de vieux amis. 

Je revois les salons doubles où les meubles avaient été repoussés contre les murs afin de faire de la place aux quadrilles et aux danses modernes.  Tout autour des pièces il y avait des chaises qui longeaient les murs.  Elles étaient toutes dépareillées, souvent empruntés aux voisins ou apportées par les invités, sur lesquelles les matantes et mononcles plus âgés étaient installés pour jaser, une bouteille de bière dans une main et une cigarette dans l’autre. 

Quelques-uns des mononcles avaient apporté un instrument de musique : violon, guitare, bombarde, cuillères et jouaient ensemble des chansons à répondre et des rigodons auxquels nous, les enfants, sautillions tout joyeux!  Il y avait aussi un tourne-disque dans un coin dans les cas où il n’y avait pas de musiciens ou lorsque ceux-ci prenaient une pause. 

Plus la soirée avançait, plus les rires étaient perçants, les histoires de plus en plus grivoises, les blasphèmes nombreux, la musique forte et très souvent les disputes éclataient. 

Je dois avouer que je n’étais pas à l’aise dans cet environnement qui ne faisait pas partie de notre façon habituelle de vivre.  Nous assistions à l’église évangélique et ce genre comportement de vie ne faisait pas partie de nos mœurs.  Je suppose que les fois où nous sommes allés à ces fêtes, mon père avait accepté, ne voulant pas offenser sa parenté que nous aimions (ceux qui nous étaient connus!) malgré tout.

À l’adolescence, au cours de plusieurs années, lors des Jours de l’An, je me trouvais entourée de mes amis à une réunion d’église qu’on appelait la « longue veille ».   Nous aimions nous réunir en soirée, la veille du Jour de l’An pour passer du temps à remémorer les événements, incidents et aventures survenus au cours de l’année qui se terminait. 

Nous éprouvions beaucoup de plaisir à raconter ces histoires souvent cocasses et drôles, parfois entremêlés de récits émouvants, même tristes.  À cela, certaines personnes entreprenaient le projet de recueillir des diapositives ou des courts métrages 8 mm – sans son! – que nous regardions avec émotion…  des soupirs, des sourires, des éclats de rire et parfois des larmes. 
Aussi, au cours de cette veille, nous chantions des cantiques entrecoupés de prières pour remercier notre Père Céleste pour ses nombreux bienfaits, ses dons, ses grâces et ses soins constants, ainsi que pour demander sa bénédiction pendant l’année qui allait débuter. 

À minuit, c’était les accolades et les souhaits de « Bonne Année! » après quoi nous nous réunissions autour d’un goûter pour un temps de communion fraternelle.  L’esprit de communauté, d’amour fraternel, de camaraderie ressentie était fort et tellement plaisant!

Avec le temps, les choses ont changé et ces longues veilles ont disparu.  L’accent a été mis sur la famille et le  besoin de temps familial.  De plus, il me semble qu’à peu près à cette même époque, les médias offraient des émissions divertissantes pour dire « au revoir » à l’année qui se terminait et pour accueillir la nouvelle année.  L’accent y était mis sur l’humour et le sarcasme concernant les événements survenus dans le monde au cours de l’année qui se terminait et incitait fortement les gens à rester terrés dans leur salon.

À bien y penser, il est vrai que la première journée de l’année n’est au fond qu’un jour comme les autres, mis à part le fait qu’il marque une fin et un début selon notre calendrier!  C’est donc pour cette raison qu’on considère que c’est un bon moment pour faire le bilan, établir des plans, viser des buts à atteindre et se rappeler les désirs et les espoirs secrets du cœur.

Chez nous, cette année, nous avons eu énormément de plaisir à chanter ensemble avec nos enfants et nos petits-enfants.  Certains d’entre eux jouent des instruments – guitares sèche et base, piano, cajun, ukulélé….    Et les plus petits suivaient le rythme à l’aide de maracas et de tambourins.  Quelle joie!  Mais au prochain nouvel an, si le Seigneur me prête vie, j’espère ajouter un autre volet à nos célébrations : un moment afin de visionner nos souvenirs de l’année qui viendra de passer et parler de l’avenir. 

Je me souviens le temps des appareils photos avec pellicules photographiques de 12, 24, 36 poses, à rembobiner qu’il fallait envoyer faire développer à l’extérieur, qui n’était disponible qu’au bout de 2 semaines et pour lesquels les photos manquées devaient quand même être payées.  

Nous sommes à l’ère des photos digitales, des téléphones intelligents avec lesquelles on peut prendre d’excellentes photos ainsi que des vidéos.  Et on peut voir dès la prise de la photo si elle est réussie, pour alors l’effacer et la reprendre si elle ne l’est pas.  Puis, on peut tout sauf-garder dans son ordinateur!  Il n’a jamais été aussi facile de conserver un historique des événements qui se déroulent au cours d’une année.  Quelle bénédiction d’avoir une telle possibilité au bout des doigts!   

Alors, j’ai le vif désir d’instaurer une nouvelle tradition dès l’année prochaine où nous tous pourrions offrir une rétrospective en photos et vidéos de notre vie de famille tout en se remémorant les nombreuses bénédictions reçues.  Par ailleurs, pourquoi ne pas profiter de ce temps et prendre un moment afin d’initier les plus jeunes à réfléchir et verbaliser si possible leurs aspirations et leurs désirs – matériels et spirituels – pour l’année à venir?  J’ai l’impression que cela pourrait contribuer à se connaître davantage tout en créant des liens ainsi qu’un esprit de rapprochement et de compréhension.  Ainsi, le Jour de l’An deviendrait un jour d’élan vers l’avenir, un jour d’élan vers l’inconnu - assurément, mais le plus important : un jour d’élan vers le Seigneur!

Eh oui, j’ai dû ressasser mes souvenirs pour enfin réaliser qu’il manquait un aspect important à nos célébrations en ce jour unique!

Et, si possible, puisse mes réminiscences servir d’inspiration à d’autres!


Bonne Année!


Grand-maman Priscille